vitraux en montagne
Vers la transparence
Chapelles, oratoires ou petites églises, d’innombrables édifices religieux disséminés dans nos massifs montagneux sont souvent décorés de vitraux d’une très grande qualité.
La chapelle des Praz
La Chapelle des Praz (74400 Chamonix)
Une chapelle votive
Située au centre du village, la chapelle des Praz est très appréciée des nombreux visiteurs de la vallée de Chamonix. C’est un élément essentiel du patrimoine chamoniard et, sans doute, l’un des lieux les plus photographiés de la vallée. Elle ne date cependant que d’un demi-siècle.
La chapelle a été construite entre 1941 et 1960 à l’initiative des habitants du village, en remerciement d’avoir été protégés des affres de la guerre. L’architecte André Rostagnat avait aux Praz une résidence secondaire. Il se proposa pour dessiner les plans de la chapelle, et mi tout son talent au service du projet : un édifice en granit, s’insérant parfaitement dans le paysage grandiose des Drus.
Les lignes architecturales sont harmonieuses et le clocher élégant. Par endroits, la toiture recouverte d’ancelles descend relativement près du sol, donnant une échelle très humaine à l’édifice.
Une réalisation collective
La construction de la chapelle s’échelonnera sur une vingtaine d’années. Les murs, commencés en 1941, sont en granit du pays, montés par des maçons italiens. De nombreux artisans interviendront pour les éléments de détails. Les montants de la grande porte furent taillés dans du chêne massif de 60mm d’épaisseur par un menuisier de Sallanches.
Les ferrures et les vitraux seront exécutés par des artisans lyonnais. L’autel sera réalisé en 1960 par un artisan italien dans un bloc de granit provenant de Combloux. Le sculpteur chamoniard Elie Pellegrin taillera dans du bronze un petit tabernacle et un Christ. C’est aussi lui qui sculptera la statue de la Vierge en grès qui surplombe le porche.
« C’est de la lumière et du matériau qu’elle traverse
que devraient naître les formes et leur organisation »
Pierre Soulages
Vitraux intérieurs, Chapelle des Praz (74400 Chamonix)
Notre-Dame des Alpes
Notre-Dame des Alpes (74190 Le Fayet)
Un projet haut-savoyard
En 1929, l’évêque d’Annecy créé une nouvelle paroisse regroupant les Plagnes, Le Fayet et une partie de Domancy. Il est décidé de construire une église pour cette nouvelle paroisse. Elle est consacrée le 26 juin 1938 sous le nom de « Notre-Dame des Alpes ».
Né en Haute-Savoie, l’architecte Maurice Novarina décida d’intégrer l’église dans le milieu montagnard : toits bas comme les chalets, clocher ressemblant à une cheminée, portail enfoncé dans la façade. Il choisit des matériaux du pays : granite et pierres de la région pour les murs, chêne pour la charpente et la voûte, ardoises pour le toit.
L’essentiel de la décoration est l’œuvre du groupe suisse romand de Saint-Luc. Ce groupe, fondé en 1919 par le maître-verrier Alexandre Cingria, se définit comme «une société qui a pour but de développer l’art religieux».
seize panneaux en dalle de verre
Ainsi, le projet du sculpteur François Baud sera retenu pour la sculpture de la Vierge et les bas-reliefs de la façade principale. Alexandre Cingria réalise les vitraux de la nef, des autels de dévotion et de la tribune (122 panneaux en tout). Les vitraux de l’église de Fayet font suite à deux premières expérimentations avec des dalles de verre, et constituent pour Alexandre Cingria sa réalisation la plus aboutie dans ce domaine.
Les maîtres-verriers Jean Hebert-Stevens et Jean Gaudin sont choisis pour la décoration des fenêtres du baptistère, du hall d’entrée, de la montée d’escaliers, de la sacristie et de la petite chapelle (16 panneaux). Leurs ensembles, faits de morceaux de verre joints au ciment, sont novateurs pour l’époque. A l’époque, pour désigner cette technique on parlait plutôt de «mosaïques de verre» ou de «mosaïques transparentes».
Ces vitraux illustrent la vie de la Vierge Marie : l’Annonciation, le Mariage, la Nativité, l’Adoration des Mages ; ainsi que des épisodes de la vie de Jésus : scène lorsqu’il retrouve ses parents, le Calvaire, la Pentecôte, l’Assomption.
Un puits de lumière provenant de la voute de l’église éclaire les fresques du chœur, réalisées par Paul Monnier. Les sculptures intérieures sur bois sont de Jean Constant-Demaison, celles en extérieur sur la façade de l’église sont de François Baud.
Notre-Dame des Alpes, vitraux de l’atelier Jean Gaudin
Notre-Dame des Alpes, détail de vitraux
[ à suivre … ]